Histoire du Pays Niçois

L'histoire de Nice débute avec l'arrivée des civilisations grecques et romaines dans un espace niçois occupé par deux peuples: les ligures et les Celtes.

L'arrivée des Grecs au Ve siècle avant J.-C. fait de Nice (appelée alors Nikaïa) un comptoir commercial dépendant de Massilia. L'olivier et la vigne font alors leur apparition.

C'est entre -13 et -6 que les Romains fondent la province militaire des Alpes-Maritimes. Ce bout de terre accidentée est un pivot stratégique pour les ambitions romaines. Sur la colline de Cimiez, ils créent Cemenelum qui disparaît au Ve siècle au profit de Nice plus facile à défendre sur son rocher face aux grandes invasions. De 663 à 999, Nice entre dans l'anonymat historique. Seuls deux événements sont parvenus jusqu'à nos historiens: la fondation de l'Abbaye de Saint Pons et le saccage par les Sarrasins en 813.

Avec la chute de l'empire romain, la Provence à laquelle Nice appartient est disputée par différents peuples. Ce sont les francs qui l'emportent. Leur présence oppressante pousse les provençaux à la rébellion. Malgré l'aide des musulmans de Narbonne, Charles Martel réprime cruellement la population qui fuit les côtes et les rives ravagées pour la campagne.

En 843, au partage de Verdun, La Provence passe de mains en mains pour être finalement unie au royaume de Bourgogne en 946. Apparaît alors le premier comte de Provence: Boson, représentant l'autorité royale, usurpe son pouvoir. Cependant les Sarrasins font planer la terreur par leurs pillages. En 972, Guillaume "le libérateur" les repousse définitivement. Mais ses successeurs peu puissants ne contrôlent que la région d'Arles. Après une guerre de succession entre la maison comtale de Barcelone et la maison comtale d'Anjou, cette dernière remporte le trône de Provence.

Dans ce contexte, Nice affirme son autonomie. À tel point qu'elle négocie avec Gênes et Pise des traités d'alliances militaires et commerciales.

Les comtes de Provence réorganisent très vite leur pouvoir et imposent leur concept centralisateur à toute la Provence dont Nice fait alors partie. À partir de 1166, ils organisent des campagnes pour rétablir leur autorité. Toutefois, ce n'est que le 9 novembre 1229 que Raimond Bérenger V entre dans Nice. Les niçois dirigés par les Badat et les Riquier font appel à Gênes. La Provence récupère Nice en février 1230.

Se forment alors les éléments qui serviront de base à l'émergence du pays Niçois: le découpage administratif de la Provence en vigueries divise le futur territoire en quatre zones (Nice avec la vallée des paillons, Puget Théniers de l'Estéron à la Tinée, Val de Lantosque de la Vésubie à la Roya et Barcelonnette). En 1315, les Grimaldi héritent de la seigneurie de Beuil.

Avec l'arrivée de Jeanne 1re (reine de Naples) sur le trône du Comté de Provence, l'histoire du Nice va basculer.

En effet Jeanne n'a pas d'héritier et ses cousins appartenant à trois autres branches de la famille d'Anjou convoitent la Provence.

Jeanne doit faire face à une situation difficile. La peste ravage le pays en 1347 et la France menace à la frontière. Sa maladresse lui vaut un grand nombre d'ennemis. Ne sachant où trouver protection, elle décide d'adopter un de ces cousins: Charles de Duras devient son héritier provoquant la colère de ses autres cousins. Le mariage de Jeanne avec Othon de Brunswick inquiète l'héritier adoptif qui rompt avec sa belle mère. Jeanne plus que jamais isolée adopte alors un autre de ses cousins: Louis d'Anjou frère du roi de France. Charles lève alors une armée et s'empare de Naples et de Jeanne. Louis se rend à son secours: Charles fait alors exécuter Jeanne. La Provence se divise alors entre partisans de Charles ou de Louis.

Ces deux derniers meurent laissant chacun un jeune héritier. Leurs veuves poursuivent la guerre.

Dans les Vigueries de Nice, de Puget, de Val de Lantosque et de Barcelonette, la tendance penche clairement pour Charles de Duras. Mais sa veuve et son enfant sont assiégés à Gaëte pendant que sa rivale rallie de gré ou de force les provençaux. Ses partisans s'apprêtent à soumettre Nice lorsque les Grimaldi de Beuil avec l'aval de l'héritier de Charles appellent le comte Amédée VII de Savoie à son secours. Les 4 vigueries se soumettent à l'autorité de la maison de Savoie: la dédition de Nice à lieu le 28 Septembre 1388.

Au cours du XVe siècle, la maison de Savoie donne à Nice une nouvelle organisation politique et administrative. La création du droit de Villefranche et le percement d'une route muletière vers Turin permettent à un commerce fragile d'émerger timidement.

Pendant la première partie du XVIe siècle, les Comtes de Savoie devenus Ducs de Savoie doivent faire face aux prétentions françaises et s'allient aux Espagnols pour résister au roi François Ier. Dans ce contexte, a lieu en 1543 le siège de Nice. Les Français et les Turcs débarquent avec 20.000 hommes à la fin juin. Un premier assaut à lieu le 2 août puis le 15 août. Cette fois, la ville est sur le point de rendre les armes lorsqu'une lavandière nommée Catherine Ségurane repousse l'ennemi par son courage et son sang froid. Toutefois la ville basse se rend le 22 août. Seul le château résiste. L'ennemi se replie le 8 septembre à l'approche des renforts savoyards et espagnols. Les Français et leurs alliés laissent derrière eux une ville de Nice meurtrie par le pillage et la désolation.

En 1544, les Français abandonnent leur prétention sur Nice et occupent la Savoie et le Piémont Occidental.

Le Duc Emmanuel-Philibert hérite d'un État affaibli. L'Empereur Charles Quint lui confie le commandement de l'armée impériale avec laquelle il remporte la Bataille de Saint Quentin face aux Français. Le traité de Cateau Cambéris lui permet de récupérer l'ensemble de la Savoie et du Piémont (à quelques exceptions près). Ses États connaissent alors une réorganisation complète. À Nice, il fait construire la Citadelle de Villefranche et le Fort du Mont Alban. Le Château de Nice est entièrement militarisé: la population s'installe dans la ville basse.

Au XVIIe, l'économie se renforce autour du port franc de Nice et de Villefranche. Les grandes familles féodales dont les Grimaldi de Beuil, seules à pouvoir s'opposer aux Ducs de Savoie, disparaissent laissant la place à une structure sociale souple. L'activité intellectuelle s'intensifie avec l'ouverture d'une université et la naissance decélébrités niçoises: Pastorelli, Gioffredo, Gubernatis, Léotardi, Cassini...

Le règne de Victor Amédée II marque un tournant. Les Français qui avaient à nouveau imposé un protectorat sur la Savoie et le Piémont sont à nouveau rejetés. Louis XIV s'attaque alors aux États de Savoie: l'armée française détruit tout sur son passage. Le 12 mars 1691, 20.000 Français installent le siège de Nice qui capitule la 5 avril.

La France menacée de toute part conclut une paix passagère avant de revenir à l'assaut des États de Savoie et de Nice. Cette fois Louis XIV ordonne la destruction des fortifications. La guerre fait alors rage: le front se déplace de Turin à Toulon jusqu'à la Paix d'Utrecht. Victor-Amédée II obtient alors de nombreux territoires stratégiques ainsi que le royaume de Sardaigne: les Ducs de Savoie deviennent Rois de Sardaigne. Nice, la Savoie, le Piémont et la Sardaigne deviennent un ensemble appelé "Les États Sardes".

Au XVIIIe, Nice est à nouveau secouée par les conflits contre les français. Privée de sa forteresse, elle passe de main en main selon l'évolution du front.

La destruction des remparts permet aussi une nouvelle évolution de l'urbanisme de la ville.

Les rois de Sardaigne renforcent leur pouvoir sur Nice en modifiant les statuts communaux laissant les Niçois indifférents.

Les officiers de la flotte anglaise alliés des États de Sardaigne et la visite du Suisse Sulzer ou de l'Écossais Smollett répandent à travers l'Europe la réputation du paysage Niçois. Les prémices de l'activité touristique se font sentir.

En France, la révolution gronde. 10.000 aristocrates viennent se réfugier à Nice. Profitant du premier prétexte venu, les armées françaises déclarent la guerre aux États Sardes. La République franchit le Var le 28 Septembre 1792 tandis que la Savoie est déjà envahie. Sur le Magnan, les milices de Michaud et de De Orestis livrent une vaine bataille retardant l'arrivée des Français dans la ville. Le Comté de Nice et la Principauté de Monaco deviennent le département des Alpes-Maritimes. L'occupation française est une période difficile pour les Niçois humiliés par des méthodes d'intégration autoritaires. Devant ces agressions, un mouvement de résistance émerge avec les actions menées par les Barbets.

En 1803, Napoléon nomme Marc Gratet du Bouchage à la préfecture des Alpes-Maritimes. Ce dernier fait ajouter l'arrondissement de San Remo au département afin d'assurer un meilleur équilibre économique. Il lance la construction de la grande corniche, fonde le lycée impérial et se fait accepter des Niçois. Cependant, l'hostilité à la France demeure. Les Niçois refusent de servir dans l'armée française, la réticence fiscale ne faiblit pas et la francisation est un échec. Les Barbets persistent dans leurs actions de harcèlement.

En 1814, la Sardaigne récupère ses territoires Niçois, Savoyard et Piémontais avec en plus l'ancienne République de Gênes. Les rois de Sardaigne disposent donc d'un grand port plus proche de Turin et plus facile d'accès. Le port de Nice est relégué en second plan.

Les institutions d'avant 1792 sont rétablies à Nice et la vie reprend son cours habituel: la population est toujours aussi modeste, l'économie reste faible. Alors que Turin est relié à Gènes par une voie ferrée, que le télégraphe installé entre Turin, Chambéry et Gènes est connecté au réseau européen, Nice ne dispose que d'une route carrossable vers Turin. Le tourisme continue son lent développement.

Un mouvement intellectuel fait surface à Nice mettant en avant l'identité niçoise. De nombreuses oeuvres sont rédigées en langue niçoise par Joseph Rosalinde Rancher, Joseph Micéu, et bien d'autres.

En 1853, un événement décisif entraîne la rupture entre les Niçois et la maison de Savoie: le gouvernement Sarde décide de retirer à Nice et Villefranche le statut de port-franc. Nice coupé des autres États Sardes perd son seul privilège.

Le Roi Victor-Emmanuel II désireux de constituer une unité italienne trouve auprès de Napoléon III une aide précieuse en échange de Nice et de la Savoie. En 1860, le gouvernement Sarde, Le Roi Victor-Emmanuel et Napoléon III poussent les Niçois à exprimer leur volonté d'être rattachés à la France à travers un plébiscite soigneusement programmé: Nice devient française.